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Historique des Monnaies utilisées à la Réunion N°1

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PREMIERES MONNAIES

Pour l'approvisionnement des vaisseaux, les directeurs envoient régulièrement dans les îles des piastres. Par définition, elles sont destinées a n'y pas rester. Parmi les habitants, seuls les employés de la Compagie peuvent être payés en numéraire: soldats, ouvriers responsables. Cela ne suffit pas évidemment aux besoins réels de la Colonie. Les colons doivent donc s'approvisionner par ailleurs

 A l'origine, les apports de numéraires sont souvent le fait des forbans. Certes, une ordonnance royale de 15 Janvier 1711 fait défense expresse, sous pein de galère, d'avoir aucune liaison avec ceux ci. Néanmoins, les cas d'apport en provisions de bouche ou de munitions ne sont pas rares. Les pirates ont le nombre et la force pour eux, ils ont aussi les pièces d'or et d'argent. En 1721 certains forbans demandent l'amnistie et obtiennent d'être acceptés dans la Colonie.

CONGDON et ses corélégionnaires se voient hébergés moyennant finance chez les habitants et paye une sorte de droit d'entrée, une aumône : celle ci s'élève a 3033 piastres représentée par 12 onces et quelques grains de morceaux d'or, 254 sequins, de piastres, des écus du Saint Empire et quelques menues pièces d'argent l'éclectisme est déjà de rigueur.

L'abbé Haubert, scandalisé par l'accueil chaleureux réservé a ces forbans s'écrie à la vue de ce commerce illicite { c'est la cupidité qui les emporte et l'éclat de l'or qui les éblouit }. Mais ol faut bien prendre l'or et l'argent là ou il est, et il n'est pas dans les caisses de la Compagnie qui refuse d'approvisionner suffisamment la Colonie en numéraire, au demeurant les Lazaristes bénéficient aussi de cette aumône " au tribunal de Pénitence ".

La Compagnie elle même ne néglige pas ses intérêts, ce qui se vend 20 sols en Inde en vaut 50 à Bourbon. Elle ne se gêne donc pas pour en tirer profit d'autant que ses approvisionnements à destination de Bourbon restent toujours inssuffisants et cette rareté volontaire fait monter les cours.

Passé les premiers temps de la colonisation ou la qusi totalité des colons est débitrice à l'égard de la Compagnie, il devient vite nécessaire d'envisager l'introduction d'une monnaie propre à l'île qui ne s'évadera pas mais permettra les menues transactions commerciales .

A cet effet, le Conseil de Pondichéry est prié d'acquérir 8000 marcs de cuivre rouge au Japon afin de frapper pour les 2 îles 4000 pièces de 1 sou à raison de 50 en marc et 4000 pièces de 2 sous à raison de 25 en marc valant chacun 1000 L. Les 2/5 de cette émission sont partagées entre Bourbon et l'Isle de France suivi d'un second envoi de 6000 L de valeur.

La première monnaie divisionnaire de la Réunion, dont le coin de frappe est celui du fanon, à savoir la couronne de marquis de la Compagnie à l'avers et 5 fleurs de lys au revers, eut une histoire mouvementée. Elle fut refusée par les habitants qui avaient, fort logiquement, une préférence marquée pour les pièces d'or et d'argent. Cette frappe date de 1723.

Devant le refus de la Colonie et pour faire face a ses besoins pressants, la toute nouvelle compagnie des Indes décide l'envoi, en Avril 1723 de 10000 piastres effectives sur les navires le Lis et L'Union et la saisie de la somme considérable en matière d'or et d'argent deposée par CONGDON et les siens aux Lazaristes.

Fin 1724, la Compagnie se décide donc a fournir à nouveau les îles en espèces nobles. Elle embarque à Cadix, sur la Sirène à destination des Indes 40000 marcs d'argent en pistres qui arrivent à lîle de France en avril 1725 et en mai à Bourbon.

Par le Triton la Compagnie accepte d'envoyer en sus 27444 livres en monnaie divisionnaire, en réaux, doubles et demis et demis réaux et surtout en pièces de cuivre de 9 deniers ne servent finalement que Bourbon et la louisianne. Elles portent à l'avers un double L couronné et au revers la mention Colonies Françaises 1722.

De l'aveu même de DESFORGES-BOUCHER, elles ont leur valeur en matière, ce qui n'était pas le cas des réaux dont il en fallut 14 au lieu de 8 pour faire une piastre. Eu égard a leur qualités , les pièces de 9 deniers remplacent celles frappées à Pondichéry ( ordonnance du 12 décembre 1723 ) dont les habitants ne veulent à aucun prix.

A ces monnaies divisionnaires s'ajoutèrent six milles nouvelles pièces en cuivre de 8 deniers apportées en 1724 par le Neptune ainsi que 12000 réaux équivalant à 12000 piastres. De ce fait ces nouvelles pièces de cuivre ne sont guère plus prisées que les précédentes. Il faut les retirer de la circulation dès 1726. Les monnaies divisionnaires ne permettent donc pas de faire face aux besions de la Colonie, elles augmentent au contraire les craintes et réticences des colonsqui pensent que la Compagnie veut payer leurs livraisons de café en ces monnaies de métal vulgaire. Cependant la pause monétaire est de courte durée.

Le 1er septembre 1725 LENOIR est nommé en remplacement de DESFORGES-BOUCHER pourvu d'instructions très précises et assez drastiques. La Compagnie interdit à LENOIR à défaut de numéraires de tirer des traites ( lttres de change ) sur Paris ou l'Inde comme cela s'est fait en 1724 lors de l'achat de denrées au Carlisle, elle précise qu'elle n'enverra pas une piastre qu'elle n'ait reçu une cargaison appréciable en contre partie des marchandiseset espèces déjà expédiées. Il est vrai que depuis 1720 elle attend vainement l'envoi de café qu'on lui a annoncé. La production croît moins vite que prévu, compte tenue des réticences des colons et par ce qu'une grande partie de la production sert de monnaie d'échange à défaut de piastre dans le commerce interlope.

Lorsque LENOIR arrive à Bourbon, il n'y a déjà plus une piastre en caisse, la réserve reçue ayant servie à régler une partie de la cargaison du Carlisle.Le Conseil décide donc que les traites seraient intégralement payées en monnaie de cuivre, celle frappée à Pondichéry en 1723 en cours de 6 deniers pour la pièce de 1 sou et 18 deniers pour celle de 2 sous. Cette gymnastique monétaire ne peut qu'attiser la défiance des colons plus attirés par la monnaie blanche qu'ils chérissent ici autant qu'en aucun endroit au monde.

LENOIR se soumet à cette évidence et décide de retirer de la circulation les pièces de Pondichéry ainsi que celles de 8 deniers pour ne conserver, à leur valeur nominale que celles de 3 deniers apportés en 1723 par le Triton. L'hémorragie des piastres ne peut être évitée, le taux de change étant une véritable prime à l'évasion. Le fanon par exemple se négocie à Pondichéry, sur la base de 4 sous et 4 deniers, ce qui situe la piastre a 3L.20S, alors qu'elle n'en vaut que 3 aux îles ( c'est à dire 16 fanons )

LENOIR décide donc d'introduire le fanon aux îles ainsi que des pagodes d'or, frappées à Pondichéry . Il décide de réexpédier les pièces de cuivre Pondichéry en contre partie de 5000 L en fanons de 1000 L en pagodes avec un cours fixe de 4 sous 4 deniers pour l'un et 5L5S pour l'autre. La Compagnie accepte le projet et porte même le fanon à 4 sous et 6 deniers.

La surcotation locale des monnaies d'argent et d'or de Pondichéry doit théoriquement permettre d'éviter l'évasion du métal précieux. La Compagnie maintenent le système de troc, il faut qu'elle fournit l'île en denrées d'echange nécessaire aux habitants d'une colonie bien habitée où le luxe et la vanité augmentent.Tel n'est pas le cas force aux colons d'acquérir auprès des navires interlopes en monnaies blanches ou jaune les biens que la Compagnie n'apporte que trop parcimonieusement.

En 1726, la colonie ne possède derechef plus aucune piastre. Le système de l'excusif ne peut se concevoir que si la Compagnie fournit les marchandises évaluées à 25000 pagodes soit 125000 L (évaluation DESFORGES-BOUCHER pour 1722 ) dont l'île a besoin. Mais la Compagnie se contente d'envoyer pour 200 pagodes de bien. Les pacotilleurs drainent donc aisément l'argent des colons. La monnaie devient aussi rare que les marchandises.

La Colonie n'admet pas de produire d'abord pour consommer ensuite, elle préfère consommer d'abord... Encore faut il souligner que la Compagnie achète fort mal. Cette prmière période fût propablement une des plus difficiles mais aussi particulèrement instructive sur les difficultés que rencontrera toute la Colonie, éloignée de la mère patrie, soumise au sytème de l'exclusif et plus portée sur la consommation que la production.

La plupart des colonies de la Couronne connaisent les mêmes avatars lorsqu'elles ne peuvent trouver sur leur propre territoire ou dans les pays limitrophes ( comme l'Inde ) l'or et l'argent nécessaires à la fabrication des monnaies. L'exemple le plus original provient du Canada où cieculèrent dès 1685 des monnaies de cartes contituées de véritables cartes à jouer, coupées en quatre et marquées du sceau royal. Ce système réussit parfaitement et dura fort logtemps ( juqu'en 1764 ) à la demende des colons eux mêmes, mais assez curieusement, les monnaies de cuivre introduites antérieurement au Canada subirent le même rejet qu'à la Réunion .

Donc, en l'absence de monnaies qui, malgré les interdits, sont régulièrement drainées vers l'extérieur, les colons et les pouvoirs locaux eux mêmes se voient contraints de donner une valeur quasi légale aus=x billets at accquits, ordonnancces de paiement et récipissés de marchandises. Ces documents circulent comme du papier monnaie pour être très souvent et finalement convertis en lettres de change tirées sur la France. L'inconvénient du système tient a la plus ou moins grande convertibilité extérieur, essentiellement sur Paris, des ces reconnaissances de dettes ou de dépôts. Elles se déprécient ou s'apprécient selon les cas.



16/05/2007
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